Quand on décide d’initier une démarche RSE, ou de la relancer et de lui faire prendre de l’ampleur, les défis à relever peuvent souvent s’avérer insurmontables, la charge à soulever trop lourde pour l’entreprise. Alors face à la montagne de mesures à déployer, il est souvent tentant de renoncer ou d’abaisser les ambitions au point que l’initiative perde tout son sens.
Pour s’engager dans la RSE, il n’est pourtant pas nécessaire d’être exemplaire dans tous les domaines. La bonne attitude consiste plutôt à motiver, discuter, comprendre, progresser et sans cesse se remettre en question : une politique des petits pas qui, sans être épuisante, se révèlera au contraire enrichissante.
Partir de bons exemples
Tout d’abord, un comportement exemplaire pourra toujours servir de modèle et de référence. Les parties prenantes y adhèreront et décideront de le suivre par imitation. Il n’y a pas de difficulté particulière à comprendre ce point.
On ne peut certainement pas tout faire en même temps (sic) mais on peut faire des choix afin de s’astreindre à deux ou trois choses de façon exemplaire. C’est déjà très bien. Vous trouverez des idées à foison sur le site BIPIZ : La plateforme de référence des Bonnes Pratiques RSE qui revendique 1.200 exemples desquels chacun peut s’inspirer.
Cependant, il est entendu que les meilleurs exemples seront les vôtres, ceux à partir desquels vous pourrez capitaliser pour progresser dans la démarche en entraînant les autres.
Introduire le « nudging » dans le process
Le nudge, ou « coup de coude », expression dont l’origine remonterait à Thomas Hobbes en 1675 : – “I nudg’d Ulysses, who did next me lie” –, concilie pour sa part la liberté de choix de l’individu et l’orientation de ses décisions individuelles. Le concept est issu des travaux successifs du prix Nobel d’économie Daniel Kahneman (2003), sur le Système 1 et le Système 2 et du prix Nobel d’économie Richard Thaler avec le professeur de droit Cass Sunstein.
Pour dire très simplement les choses, l’idée est de suggérer sans contraindre. On reste donc, et c’est vraiment important de bien le comprendre, dans une approche libérale strictement non directive. Il s’agit d’une incitation douce par opposition à l’injonction coercitive. Les employés et les parties prenantes sont libres de s’écarter des options proposées au profit de leurs propres solutions. Ils demeurent même libres de ne pas adhérer. Mais chacun est informé de manière positive et incitative.
On quitte le nudge, dès qu’on bascule dans la manipulation. Le rappeler est fondamental. Nous insistons lourdement car « nudger » ne signifie pas gruger. La RSE du quotidien ne doit pas être totalitaire.
Le concept de nudge est essentiel à intégrer dans la RSE de terrain. Il combat une série de biais psychologiques insidieux dont nous sommes tous victimes, conscients ou non, des biais cognitifs auxquels nous ne pouvons pas échapper individuellement mais qu’une bonne pratique des choix collectifs permettra d’éviter et de contourner (biais d’optimisme, biais de statu quo, biais d’ancrage, etc.).
Diffuser le « nudge-management » à toute l'organisation
Le nudge est bienveillant. Il est donc Squalean compatible, en ligne avec les ODD adoptés en septembre 2015 par les Nations Unies dans le cadre de « l’Agenda 2030 du développement durable », lesquels fixent 17 objectifs afin d’éradiquer l’extrême pauvreté, de combattre les inégalités et de préserver la planète. Les ODD appellent toutes les entreprises à utiliser leur créativité et leur capacité d’innovation pour répondre aux défis du développement durable.
- Dans le domaine de la sécurité, le nudge peut inciter à respecter les règles pour éviter des risques et des accidents. Il peut s’agir de simples rappels ou d’une aimable mobilisation à travers des jeux, des animations, des vidéos, etc., pour le port des EPI, tenir la rampe de l’escalier, se laver les mains à la sortie des toilettes, ou ne pas utiliser le téléphone au volant…
- De même, le nudge peut favoriser la santé et les bonnes pratiques d’hygiène alimentaire ou sportive, en faveur des fruits et légumes, de la marche à pied, de l’exercice quotidien ou pour rappeler les dangers de certaines pratiques et de certains produits. Il peut même encourager à se former aux équipements tels que les défibrillateurs ou à passer les examens de secouriste du travail.
- Le nudge est idéal pour mettre en place les politiques écoresponsables au travers de petits gestes de rien et de changements de comportement modestes : tri des déchets, économie de ressources (eau, électricité, papier, etc.), gaspillage alimentaire, limitation des émissions de CO2 pour les déplacements, encouragement au vélo, etc.
- Le nudge, enfin, peut avoir une influence sur les comportements et participer au civisme dans des domaines aussi sensibles que le droit des personnes, la prise en compte du handicap, l’égalité hommes-femmes, le respect des minorités, le recrutement, les relations humaines dans l’entreprise et la prise en compte des conditions de travail.
Les petits ruisseaux font les grandes rivières
Le nudge-management ouvre de nouvelles perspectives à la RSE du quotidien, perspectives issues des sciences comportementales. Il offre la possibilité d’améliorer l’engagement de tous et l’efficacité de chaque collaborateur afin de mieux atteindre les objectifs communs, pour une meilleure performance globale mais dans le total respect de la liberté individuelle et des choix personnels. Il n’est pas paternaliste.
Et vous, vous en pensez quoi ? Nous apprécierions de connaître votre point de vue.
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