Il faut avoir l’audace d’obéir

Les moutons obéissent
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Ce n’est pas moi qui le dis (encore que j’aurais pu), mais Pierre-Henri Tavoillot, Maître de conférences en philosophie à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), président du Collège de philosophie et ancien membre (2004-2013) du Conseil d’analyse de la société auprès du Premier ministre.

« On a longtemps pensé que le pouvoir était dangereux et qu’il y avait des abus de pouvoir. Il me semble aujourd’hui que nous sommes dans une situation d’abus de contre-pouvoirs. La citoyenneté, c’est le fait de pouvoir vivre avec les autres. Or, vivre avec les autres, cela veut dire à un moment donné réfréner son ego. Obéir, ça ne veut pas dire se soumettre, étymologiquement ça veut dire prêter l’oreille. La citoyenneté c’est avant tout de l’obéissance. L’insoumission, la désobéissance civile c’est très sympathique, mais ça nous empêche de vivre ensemble. »

La défiance et l’insubordination se retrouvent dans le chiffre du jour : près de 700.000 conducteurs roulent sans permis. Au journal de France 2, à 13 h, un journaliste a expliqué que les gens n’avaient pas les moyens de passer ou de repasser le permis. Et d’un coup, tout s’est éclairé ! J’ai compris que si le nombre de viols augmentait c’était que les gens n’avaient pas les moyens de demander la permission  ; que si le nombre de vols de smartphones augmentait, c’est que les gens n’avaient pas le temps d’attendre pour en changer.

En ce lundi où le Premier Ministre donne le coup d’envoi de la restitution du Grand Débat. « Je voulais sauver des vies, on m’a accusé de vouloir remplir les caisses », commente-t-il à propos de la limitation à 80 km/h, il n’est pas inutile de se pencher sur le dernier livre de notre philosophe :

Pierre-Henri Tavoillot, Comment gouverner un peuple roi ? Traité nouveau d’art politique, Éditions Odile Jacob, 6 février 2019

Entre autres idées un peu à contre-courant, celle ci : la dimension du peuple la plus fragile aujourd’hui serait celle de la décision. Ce n’est pas celle des élections, qui fonctionne plutôt bien, ce n’est pas celle de la délibération, et ce n’est pas davantage celle de la reddition de comptes. En vérité, nous souffrons d’avoir oublié que dans le mot démocratie, il n’y a pas seulement demos, mais il y a aussi kratos, c’est-à-dire le pouvoir. Or, on adore détester le pouvoir, alors qu’on a besoin du pouvoir pour être un peuple. Désormais, la principale fatigue démocratique tient à l’impuissance publique plutôt qu’à la crise de la représentation.

La vraie difficulté est bien l’art d’être gouverné. Le citoyen ne prend pas suffisamment conscience de ces difficultés. Il est parfois adolescent, infantile.

Aussi faut-il être prudent avec l’idéal de participation qui pose par ailleurs un problème de responsabilité : en effet, si tout le monde participe à la décision, qui sera responsable ?

Toutes ces questions que soulève Pierre-Henri Tavoillot à l’échelle d’un pays ou d’une communauté, et toutes les réflexions hétérodoxes qu’il apporte au débat, me semblent aisément transposables aux organisations, aux entreprises en particulier, où la direction doit s’employer à maintenir la légitimité de son leadership en toute circonstance, une relation équilibrée mais surtout pas désincarnée avec les parties prenantes (stakeholders), en particulier avec le personnel employé.

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