NE CHERCHEZ PAS LA MARTINGALE DE LA SÉCURITÉ, NI LA CLÉ UNIVERSELLE QUI MAÎTRISERA LES RISQUES !
À chaque environnement, son mécanisme ; à chaque contexte, les outils nécessaires et suffisants (principe d’efficience) qui favorisent l’engagement du personnel dans la maîtrise des risques. Sans l’implication de toutes et de tous, sans adhésion collective à une démarche partagée autour de la thématique « sécurité », aucune amélioration durable ne se conçoit.
Aussi un équilibre entre la structure et le terrain est-il à trouver : le meilleur possible. Surtout, ne pas opposer la sécurité au système de management, ni à la performance, ni à la productivité, car pour une démarche de qualité, si le corps doit s’appuyer sur ses deux jambes, il doit aussi pouvoir compter sur le système central (le cerveau) qui lui communique la vision et sait le coordonner.
À la suite de son rachat par un groupe anglo-saxon, cet établissement français a dû faire face à un changement
profond en matière de sécurité : un véritable choc culturel !
Jusque-là, le suivi sécurité au sein de l’entreprise se résumait à des indicateurs rapportant le nombre d’accidents ou d’incidents enregistrés. Or, le nouveau propriétaire exigeait que soient mis en place sans délai les standards internationaux de son secteur. Un changement de culture s’imposait.
Modelé à la sécurité industrielle au Québec, le nouveau directeur canadien a voulu marquer sa prise de fonction en inculquant immédiatement de bonnes habitudes de management. Il partait de deux principes simples et structurants : « on ne peut pas plus que son chef » et « il ne faut jamais fermer les yeux ». Dès lors, l’exemplarité et la transparence se sont imposées comme règle. Du jour au lendemain, suivant son exemple, les responsables –ou les gestionnaires en québécois– ont été invités à davantage de présence sur le terrain pour montrer l’exemple en respectant les règles fondamentales de sécurité telles que, par exemple, le port des EPI. Plus de dérogation. Tolérance zéro. En outre, le directeur a donné à chacun la possibilité, ou plutôt le devoir, d’intervenir dans l’instant s’il décelait une situation à risque. Ceci, indépendamment du niveau et des responsabilités hiérarchiques au sein de la société.
Souvenir personnel : un chantier fut arrêté par le PDG en personne pour raison de sécurité, entraînant une perte de production significative. Son engagement spectaculaire suscita la suspicion, mais il fut payant sur le long terme.
Parallèlement, le nouvel actionnaire a clarifié les enjeux, en communiquant à volonté sur les voies et moyens, et surtout en justifiant les règles communes afin que chaque collaborateur en comprenne le bien-fondé pour sa sécurité et s’approprie la démarche dans les principes et dans les intentions. Des règles d’or ont été édictées. Les 30 standards du groupe en matière de santé, sécurité et environnement ont été explicités. Un baromètre sécurité hebdomadaire a de plus été instauré, comprenant un système efficace de remontée des événements sécurité : incivilités, situations à risque, échappées belles (ˮnear missˮ ou « presque-accident »), premiers soins, etc.
En un an, plus de 880 déclarations ont été traitées, parfois directement par le déclarant lui-même. Pour ancrer la bonne pratique dans le quotidien et parachever le programme, un vade-mecum simple et pratique a été déployé pour analyser ex ante le risque terrain. L’outil s’intitulait « Le 5/5 – Cinq étapes pour ma sécurité ». La méthode d’analyse sécuritaire des tâches reposait sur l’utilisation par tous les salariés de l’entreprise, mais aussi par ceux des entreprises extérieures intervenantes, d’un carnet de bord prévoyant cinq étapes :
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- Visualiser la tâche
- Repérer les dangers, les risques et les conséquences
- Analyser les risques
- Effectuer les changements
- Exécuter la tâche en sécurité
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Ce simple document a contribué à responsabiliser les agents. À telle enseigne que l’initiative a été saluée par la profession, récompensée d’un Coup de Cœur régional, nominée aux Trophées Responsible Care en sécurité, sur le plan national.
Combinée à toutes les autres, cette heureuse initiative a surtout permis de réduire le nombre et la gravité des accidents sur le site industriel en créant une dynamique positive autour de la sécurité.
